L’ouverture à l’UMP". L’expression, ironique, était sortie de la bouche de Patrick Devedjian, depuis devenu ministre, après l’annonce du premier gouvernement Fillon en mai 2007. Bernard Kouchner, Eric Besson, Martin Hirsch, ou encore Fadela Amara et Jean-Marie Bockel marquaient l’ouverture franche à des personnalités de gauche. Quatre remaniements plus tard, le gouvernement Fillon V symbolise un recentrage sur l’UMP et sur des hommes de confiance du président aux postes-clés.
Certes, les ministres "d’ouverture" cités plus haut gardent leur portefeuille. Certes, deux belles "prises" sont à noter : la première est symbolique avec l’arrivée d’un Mitterrand dans un gouvernement de droite, Frédéric en l’occurrence qui n’a jamais fait montre d’un engagement à gauche forcené. Côté MoDem, comme pour affaiblir encore plus François Bayrou, Nicolas Sarkozy est allé chasser Michel Mercier, trésorier du parti centriste, qui devient ministre de l’Aménagement du territoire. Mais on est bien loin des rumeurs d’ouverture spectaculaire : ni Claude Allègre, victime de la poussée verte aux Européennes ou d’un excès de confiance en lui, ni Jack Lang, n’entrent au gouvernement.
Les nouveaux
Car l’essentiel réside dans les six autres nouveaux visages de ce gouvernement : tous des parlementaires ou cadres fidèles de l’UMP : le patron des sénateurs UMP Henri de Raincourt (Relations avec le Parlement) et le député-maire de Nice et ancien ministre, Christian Estrosi (Industrie). Enfin, deviennent secrétaires d’Etat le député parisien Pierre Lellouche (Affaires européennes), l’eurodéputée Nora Berra (Aînés), le député Benoist Apparu (Logement et urbanisme) et Marie-Luce Penchard (Outremer), fille de la chiraquienne et ex-ministre Lucette Michaux-Chevry.
Ils prennent du galon
Comme pour mieux souligner ce recentrage politique, les principaux promus sont des fidèles du président, qui jouent aux chaises musicales : Brice Hortefeux quitte les Affaires sociales pour l’Intérieur, Xavier Darcos lui succède et laisse l’Education à Luc Chatel, qui conserve son poste de porte-parole du gouvernement.
Michèle Alliot-Marie et Jean-Louis Borloo prennent aussi du galon. Ministre de l’Intérieur depuis mai 2007, Michèle Alliot-Marie est nommée Garde des Sceaux et prend du galon en recevant le titre de ministre d’Etat, jusque-là le seul apanage de son collègue Jean-Louis Borloo. Il reste numéro 2 du gouvernement et son ministère de l’Ecologie est élargi à la Mer, aux Technologies vertes et aux négociations sur le climat. Promotion également pour Bruno Le Maire, éphémère secrétaire d’Etat aux Affaires européennes, qui devient ministre de l’Agriculture. Quant au binôme de Bercy, Nicolas Sarkozy n’y a pas touché : Christine Lagarde, ministre de l’Economie et le ministre du Budget Eric Woerth.
Ils partent
Outre les départs de Rachida Dati et Michel Barnier pour cause de mandat parlementaire européen, certains ministres payent des crises ou des échecs en perdant leur portefeuille. Ainsi Christine Albanel avec les ratés de la loi Hadopi. Et Yves Jego, très critiqué pendant la grève générale aux Antilles, se voit sacrifié à la veille du déplacement présidentiel en Guadeloupe.
Exit aussi Christine Boutin qui s’était démarquée à plusieurs reprises du chef de l’Etat, ainsi qu’André Santini et Roger Karoutchi qui n’a pas toujours su contenir la majorité parlementaire. Et Bernard Laporte va pouvoir retrouver les terrains de rugby : Rama Yade lui succède au secrétariat d’Etat au Sport, sous l’égide de Roselyne Bachelot. Quant au secrétariat d’Etat aux Droits de l’Homme, il disparaît, ce qui paraît donner raison à Bernard Kouchner qui l’avait jugé "inutile". Le ministre des Affaires étrangères a d’ailleurs fait l’objet de toutes les rumeurs mais il restera finalement au Quai d’Orsay, en tout cas jusqu’aux élections régionales.
(source : LCI)